Décisions algorithmiques
mode de décision à l'efficacité et l'équité inégalées
Deux fois dans ma vie j’ai fait partie d’un projet de création d’écolieu.
Deux fois j’ai vécu ce moment de choisir la zone où chercher le lieu à acheter, une décision à fort enjeu.
La première fois, inspirés par la Gouvernance Partagée, il nous a paru évident de prendre cette décision par consentement. Ça a été plusieurs heures de discussions nébuleuses et fatigantes, à tenter de se mettre d’accord sur quelles zones étaient suffisamment compatibles avec nos critères.
La seconde fois, nous avons pris cette décision de manière algorithmique. Cela n’a pris qu’entre 10 et 30 minutes à chaque membre du groupe individuellement !
Et quand une personne est partie, qu’une autre a rejoint, nous avons pu modifier cette décision en littéralement 15 minutes.
Trop beau pour être vrai ?
Découvrez la magie des décisions algorithmiques…
Au sommaire de cet article :
Décision algorithmique : qu'est ce que c'est ?
Les décisions algorithmiques sont une famille de processus de prise de décision, qui permet de prendre une décisions collective.
L’algorithme est une suite d’opérations. Il peut être informatique comme un GPS, mais cela peut aussi être une formule mathématique, de la plus simple (comme une moyenne), à des plus complexes.
Le processus se décompose habituellement en 4 étapes :
1. Échanger sur le sujet.
Objectif : Bien discerner les tenants et aboutissants, et si nécessaire partager les besoins des personnes impliquées. Cette étape peut se faire en petit ou en grand groupe.
2. Créer un «algorithme» pertinent.
Voir les exemples ci-contre.
3. Chacun·e donne sa réponse.
Généralement cela peut se faire à distance si nécessaire. Dans certain contexte, il peut être nécessaire de sécuriser le processus pour prévenir les fraudes.
4. Décision et célébration.
Les réponses sont traitées grâce à l’algorithme, qui donne la décision.
Exemple 1 : Valider un budget de manière participative
Dans le cadre d’une association, vous souhaitez définir le budget pour 3 évènements dont les 20 ans de la structure.
Après avoir partagé les informations liées aux évènements et aux finances de la structure, vous invitez chacun-e à noter les montants qu’ils estiment appropriés pour chaque événement.
La moyenne de ces réponses donne les budgets.
Option : Il est décidé que les notes des membres du CA ont un coefficient doublé par rapport aux adhérents.
Exemple 2 : Attribution
Différents ateliers sont proposés lors d’une semaine de séminaire. Les places sont limitées. Votre mission est de faire en sorte que chacun-e participe à un atelier qui l’intéresse.
Ce problème d’attribution classique, peut se transformer en véritable casse-tête.
Vous désirez éviter la méthode classique et simple du 1er arrivé = 1er servi, qui générerait probablement de la déception chez les derniers à choisir.
Vous décidez de résoudre ce problème grâce au solveur de Excel.
Vous demandez à chacun-e de noter ses préférences.
Vous configurer le solveur et… TADAM
Il vous donne instantanément la solution qui génère la satisfaction maximale !
Bilan : 20 minutes pour expliquer les ateliers à tout le monde, 5 minutes pour noter ses préférences, 15 minutes seul pour configurer le solveur.
C’est imbattable !
Exemple 3 : Valider une zone
Chaque membre du projet d’écolieu est invité à remplir une carte de France avec :
– la zone où il est ok pour vivre
– la zone où il a le plus envie de vivre.
Ces cartes individuelles sont superposées les unes aux autres en tant que calque avec un logiciel de dessin.
Carte d’une personne
Cumul des cartes
Les zones les plus foncées, avec l’adhésion la plus forte, sont automatiquement validées !
Avantages des décisions algorithmiques
– Extrêmement rapide, une fois l’algorithme choisi.
– Impartialité & équité. C’est le processus qui peut permettre l’équité maximale, que l’avis de chaque personne ait strictement le même poids. Il n’y aura pas les biais d’influence et de pression sociale qui se produisent en réunion.
– Bonne adhésion. Son équité donne généralement une acceptation très correcte aux décisions.
– Décision modifiable en temps réel. Si la décision s’y prête elle peut être remodifiée en permanence, il suffit de mettre à jour les réponses.
Dans l’exemple 3 : Quand une personne a quitté le projet, il a suffi de décocher son calque pour mettre à jour la zone de recherche. Quand une autre personne l’a rejointe, il a suffi de rajouter son calque, ce qui a pris 15 minutes.
– Possible avec toute taille de groupe ! Le temps que prend le processus n’est pas proportionnel au nombre de personnes ce qui est très rare. Cela lui donne un vrai potentiel à l’échelle d’une société et donc au niveau démocratique.
– Simplicité. Donner sa réponse est accessible à tout le monde,
(La création d’un algorithme pertinent, et sa compréhension, peuvent être plus ardues.)
Risques et inconvénients des décisions algorithmiques
– Limité à un petit nombre de sujets dont les décisions sont mesurables comme des chiffres, une carte. Ne comptez pas dessus pour décider d’un processus de recrutement…
– Absence de créativité une fois l’algorithme choisi.
Dans l’exemple de la création d’un budget participatif, si vous faites faire un budget prévisionnel en reprenant les catégories de l’année précédente. Il n’y aura pas la place pour proposer une nouvelle catégorie qui aurait pu se révéler bien utile.
– Rationnel et froid. Il n’y peu ou pas de place pour l’émotionnel, le lien, les cas particuliers. Ce dont vont souffrir certaines personnes.
– Sensible aux manipulations. Il y a en 2 types de possibles.
Manipulation de l’algorithme : les personnes qui le choisissent, en prennent un biaisé qui va pousser le résultat.
Valider l’algorithme de manière collective peut être une manière de le garantir.
Manipulation de réponses : des participant·es donnent des réponses non sincères pour biaiser le résultat.
Dans l’exemple du budget, un·e participant·e désireux que le budget soit haut, pourra gonfler son chiffre pour faire monter la moyenne.
L’algorithme peut être doté de gardes-fous pour prévenir ces manipulations. Dans ce cas précis, il suffirait de valider le budget avec la médiane ou de retirer les 10% de réponses les plus extrêmes.
En conclusion
Le concept de décision algorithmique a été créé en 2020 dans le cadre des recherches qui ont abouti à la création de la Gouvernance Intégrative.
Rapide, impartial, avec une bonne adhésion, possible quelque soit le nombre de participant·es.
Voyez vous des cas de figures où une décision algorithmique serait utile à votre organisation ?
A vous d’expérimenter pour monter en compétence.
C’est un processus que nous transmettons également en formation ou en accompagnement.
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